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De beaux au revoir pour François Guy


par Sylvain Cormier puis Vincent Vallières, tel que publié sur Facebook le 17 mai 2023


Le journaliste Sylvain Cormier et l'auteur-compositeur-interprète Vincent Vallières ont rendu hommage au musicien décédé cette semaine, François Guy.


POUR FRANÇOIS GUY…

1947 - 2023

« C'est pas pareil quand t'es pas là »


Faudrait les bons mots pour vous annoncer ça pas trop violemment. Une boutade, qui ferait rire quand même. Quelque chose de joyeux, d'espiègle, de tendre, d'amoureusement pas triste. Quelque chose à la François Guy. Faudrait que ce soit lui qui écrive. Il n'y a pas moyen d'en faire une chanson, qui rimerait à quelque chose. Du sens. Mais non, les faits sont les faits, et la mort est la mort.


François Guy est mort vendredi dernier, le 12 mai. Il avait 76 ans. C'est arrivé au chalet de Labelle. Subitement, comme on dit. Un accident, bête comme les plus maudits accidents. Une chute, une terrible chute. Décès instantané. «Cinq minutes avant, il chantait», dit son Isabelle tant aimée, l'Isabelle de la chanson Isabelle, sa compagne depuis 41 ans, qui m'a demandé d'écrire ces mots.


Voilà donc le communiqué. Ce n'est pas un vrai communiqué. C'est juste parce que c'est trop dur pour elle, trop dur pour leurs beaux enfants, Félix qui a 38 ans, Zoé qui en a 30. Trop dur pour la famille, les proches très proches, amis presque tous fidèles depuis des

décennies. Alors j’ai dit oui, pour eux et pour lui. Proche de loin, mais proche quand même.

Quoi vous dire? La carrière, j’ai pas trop envie, même si ses chansons nous ont tant accompagnés. Oui, il y a les Sinners dès 1965 où il était le John Lennon avec son nez pointu; oui François le Sinner avec Louis Parizeau le Sinner, Andrée Cousineau et Michèle Mercure dans le film Kid Sentiment de Godbout; oui La Révolution française et l'hymne Québécois (et la première partie des Doors au Forum!); oui son rôle en tête d’affiche dans le fameux Hair à la Comédie-Canadienne en 1970; oui James, John & François qui voulaient tant réussir aux USA; oui les revues musicales des années 1970, Tout chaud, Circociel, Paquet voleur, L'Île en ville. Oui la chanson Cinéma, cinémas avec Chloé Sainte-Marie pour Gilles Carle.


Oui oh oui, il y a la poignée d'albums signés François Guy, ses chansons qui de fois en fois devenaient de plus en plus délicates et transparentes d'émotion (Je préfère le bonheur, Ivre de vivre, Flaner sous la mer...), ce qui n'était pas rien pour ce fanfaron qui badinait volontiers, pour rigoler et ne pas trop se révéler.


Une fois avec Isabelle, l'amour avec un grand I, il a chanté sans filtre. Les chansons qu'il offrait à d'autres en ont bénéficié immensément, Je t'aime un point c'est tout, pour Renée Martel, Y a les mots, pour Francine Raymond, plein d'autres.


Oui oui, tout ça, et bien plus, je résume. Je l'entends, François, c'était en 2000, dire à celles et ceux qui tentaient le coup de l'interprétation pour le concours Ma première place des arts, quand il a repris en main la SACEF (Société pour l'avancement de la chanson d'expression française): «Ça va faire les classiques de chanson, vous allez me chanter les chansons de vos contemporains, des récentes, des nouvelles!» C'était son combat, pas mal gagné, je trouve. C'est là qu'on s'est connus, aux FrancoFolies de Spa aussi. On courait un peu les vide-grenier, il était fan de Spirou.


Isabelle était là, à la SACEF, à Spa, je les ai toujours connus ensemble, idéalement complémentaires et complices, ados et adultes à la fois. Leur solidarité, dans l'incroyable histoire de don d'organe entre leurs enfants, était admirable: ils se sont sauvés la vie!


Le compagnon, le père, l'ami. Un être humain de qualité sans concessions, qui aimait son monde et en prenait soin, et qui baignait dans la musique. Quatre guitares et deux pianos dans la maison. Ces dernières années, après l'épisode des Vieux Criss, groupe pour le plaisir entre aînés consentants de la chanson, il continuait de gratter sa guit et de rimer doucement. Loin de la carrière, mais toujours artisan de chansons.


Je n'arrive pas à penser qu'il n'est plus là. Une chanson de lui me revient en tête, en boucle. «C'est pas pareil quand t'es pas là». Une chanson pour Isabelle. Une chanson pour qui en voulait, une chanson pour nous. C'est la chanson qu'on lui chante aujourd'hui. Et qu'il nous chantera encore, par la magie de l'enregistrement. La voix vivante.


Salutations, François.

De ton ami Sylvain


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François Guy,


Toi le Sinner, le rockeur, le défricheur, l’inventeur, le grand auteur-compositeur, l’ardent défenseur de notre langue et de notre chanson, l’exigeant pédagogue, le pourvoyeur de tribunes pour tant d’étoiles montantes, le Vieux Criss qui ne s’est jamais rangé, l’homme du temps présent, le tripeux, l’immortel, l’amoureux fou.


T’ai-je déjà dit que j’aspirais à vieillir comme toi?


Ton départ inattendu laisse un grand vide. Ta folie va nous manquer. Tout mon amour à Félix, Zoé, et à ta belle Isabelle. Sympathies 💐 à la famille et aux proches. RIP mon ami💔


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