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POP Montreal 2023

Le marathon annuel des découvertes indie rock et folk - revues de concerts à POP Montréal 2023

par Nicolas Pelletier, 1er octobre 2023

Allez hop! Le marathon annuel des découvertes indie rock qu'est POP Montréal est lancé, pour une 22e fois! C'est dans le Mile-End que ça se passe, essentiellement, autour de La Sala Rossa, le Théâtre Rialto, l'Escogriffe, la Casa del Popolo, le Ministère, le Ritz PDB, le Quai des Brumes ainsi que de plus petites salles auxquelles je n'étais jamais allé : l'Ursa (un charmant petit endroit sur l'avenue du Parc), La Sotterenea (au sous-sol de la Sala), L'entrepôt77 et le Diving Bell. 

Seuls Men I Trust jouent au MTelus cette année, alors que Beatrice Deer est la seule à occuper le Théâtre Outremont. Je n'ai pas couvert toutes les éditions de POP Montréal, mais presque : je crois avoir commencé à y être accrédité vers 2005 ou 2006. J'ai même fait partie du comité de sélection à un moment donné. Un festival organisé par des passionnés, qui ont envie de faire découvrir de la musique de qualité, d'ici et d'ailleurs, que je salue!

 

Premier arrêt : St-Viateur Bagel pour un petit cannelle-raisin pour la route. Ben quoi? Faut profiter des délices locaux!

 

Jour 1 : mercredi 27 septembre 

 

Ce soir, ça va surtout se passer au 4848 boulevard St-Laurent dans mon cas où je passerai d'une salle à l'autre pour y voir 3 ou 4 formations, si les horaires le permettent. On y va en format chronologique!

DRESSER

19h45 - La Sotterenea

Un trio au groove captivant a ouvert la 22e édition du festival, dans le sous-sol de l’édifice qui héberge également La Sala Rossa (et un restaurant espagnol). Les lignes de basse entraînantes donnent du rythme à chaque morceau de ce groupe au chanteur singulier. Sa voix mate évoque tour à tour le punk anglais à la Clash et le rock énergique à la Ought. Les comparaisons sont approximatives, mais c’est pour vous donner une idée. Leur titre le plus doux et atmosphérique, qui figurera sur leur premier album à paraître, est leur meilleur.

HOT GARBAGE

20h30 - La Sala Rossa

 

Quelle claque! Ce groupe est une machine de guerre! Dès les premières secondes, le batteur aux lunettes noires à la Ringo, Mark Henin, a imposé le tempo et c’était parti pour un concert explosif, puissant en décibels et contagieux! La jeune bassiste Juliana Carlevaris pose un riff sur lequel le guitariste, son frère Alessandro, peut se déchaîner. Le claviériste Dylan Gamble est plus discret, assis à ses claviers, mais il est indispensable : c’est lui qui soutient le chant de ses deux acolytes, souvent noyé sous les effets psychédéliques, avec des éclats sonores.

 

On voit avec Hot Garbage à quel point un groupe qui joue “serré” offre une performance très intéressante. Aucune hésitation. Aucune pause. Aucun répit pour le public qui se retrouve littéralement emporté par cette vague sonore impressionnante. Impitoyable!

 

Premier coup de cœur de l’édition à mon deuxième groupe! Ça commence bien!

ISLANDS

21h40 - La Sotterenea 

Une performance mi-réjouissante mi-frustrante pour ce retour sur scène de Nick Thorburn en format trio (enfin quatuor si on compte Andy, l’étrange mannequin parlant). 

 

Réjouissante par ces retrouvailles avec un répertoire d'excellentes chansons qu'on n'entend pas assez souvent. Islands aurait pu être aussi populaire que Sloan mais voilà, pour des raisons qui m'échappent, nous n'étions qu'une centaine à être venus les apprécier. Le groupe montréalais a pourtant lancé de nombreux albums marquants, comme Arm’s Way, en 2008, qui s’est même pointé au #26 des palmarès indie rock américains. Ils frayaient avec Arcade Fire, Metric et Wolf Parade... Espérons que le nouvel opus “And That’s Why Dolphins Lost Their Legs”, paru fin août, les remettra dans les projecteurs.

 

Une soirée frustrante, aussi, car la magnifique voix de Thorburn était sans cesse perdue sous les instruments. On perdait souvent les mélodies, ce qui est un des éléments forts. L'ami Nick semblait relativement mal à l'aise en début de concert mais après quelques titres, la machine était réchauffée. Son jeu de guitare, économe mais précis, joué de façon flegmatique contraste avec la distorsion habituelle. Il a fini par danser avec un peu d'abandon pendant quelques minutes. Bref, on ne peut que souhaiter un retour au top de cet excellent compositeur de mélodies rock.

FRANKIE AND THE WITCH FINGERS

22h30 - La Sala Rossa

 

J'ai pu attraper la fin du set du dynamique band de L.A. Frankie and the Witch Fingers qui ne laisse pas sa place sur une scène! Si certaines chansons ont l'air d'une version dynamitée de Black Betty combinée à une lourde basse fuzz et une énergie à la Fugazi (en plus brouillon) et vous avez une idée de la boule d'énergie qui se dégage de ces 4 humains électrifiés.

 

Formé il y a 10 ans en Indiana mais installés depuis un moment à L.A., la formation actuelle inclut deux des membres fondateurs, Dylan Sizemore (chant, guitare rythmique) et Josh Menashe (chant, guitare lead et synthés) et deux recrues Nikki Pickle (à la basse) depuis 2020, et Nick Aguilar (batterie) depuis l’an passé.

 

Les 4 musiciens s'élancent avec abandon dans leur rock-bombe, et c'est vraiment contagieux! La foule de la Sala a bien aimé!


THANYA IYER

23h00 - Ursa

 

Comme il n'était que 23 heures, j'ai fait un crochet à la petite salle Ursa, au sous-sol des bureaux de POP Montréal sur l’avenue du Parc, pour attraper une partie de la performance de la chanteuse Thanya Iyer et son band composé d'un batteur, d'un bassiste (Pompey, dont on parlera samedi) et d'une harpiste. 

 

Un tour de chant sans prétention mais immensément sympathique. Iyer est très confortable et conviviale sur scène (bon, il n'y a pas vraiment de scène au Ursa, c'est juste une pièce rectangulaire). Iyer nous met vite à l’aise : on se sent dans son salon avec elle et son band. 

 

On aurait presque pu demander au public de s'asseoir par terre et on aurait tous mieux vu les musiciens en action. Mais autrement, c’était un beau moment à vivre avec cette belle petite gang.
 

Jour 2 - jeudi 28 septembre 

 

CHARLOTTE CORNFIELD
18h40 - Sur le toit du Théâtre Rialto

Les concerts sur le toit du Rialto sont toujours féeriques! Je me remémore la prestation époustouflante de Fred Fortin en duo avec son fidèle complice Olivier Langevin il y a quelques années.
 

Cette fois, c’est la sympathique et humble Torontoise (qui a aussi vécu à Montréal) Charlotte Cornfield qui investissait la scène, au moment où le soleil se couchait sur le Mile-End. Une atmosphère chaleureuse et envoûtante, comme si on était une bande d’amis qui partageaient un instant magique ensemble.
 

Cornfield a ce don de faire suspendre le temps. Lorsqu’elle évoque ses relations, comme dans l’émouvante In Your Corner ou ses doutes dans la vie (Nowhere), on est captivé par ses mots.
Sa voix tremble un peu, parfois, mais ça ajoute à son charme d’auteure-compositrice-interprète… et de fille timide (Bad News before I met you)

 

Bien accompagnée par deux musiciens qui soutenaient juste assez et aux moments opportuns, Cornfield nous a offert des scènes de vie peintes comme des tableaux, racontées comme dans un journal intime. Attachante!

 

Le soleil se couchait graduellement derrière les musiciens, c'était beau. Je vous présente deux clips ci-dessous, et quelques photos.
 

Je suis reparti avec un vinyle autographié par l’artiste.

ANJIMILE 
20h04 - Entrepôt77

Une agréable petite marche de 10 minutes sur l’avenue Bernard m’a conduit (d’abord à une pointe de pizza, car j’avais un creux, puis) à l’Entrepôt77, un splendide endroit que je découvrais. Une ancienne et imposante charpente d’édifice en métal a été réutilisée: on y a ajouté une structure de plastique rigide et l’espace ainsi créé abrite maintenant un bar, une scène, des fauteuils Adirondack… bref, tout ce qu’il faut pour créer une belle ambiance en ce début d’automne montréalais.
 

Peu de temps après mon arrivée, le chanteur originaire de Caroline du Nord ANJIMILE entamait son tour de chant, de sa voix suave et veloutée. Un style musical plutôt planant et intimiste qui convenait bien à son univers musical. En format trio, la musique d’ANJIMILE s’enflammait parfois, en intensité, mais demeurait généralement dans le spectre de l’intime.
 

Le chanteur n’a toutefois pas réussi à faire taire les nombreuses personnes qui se souciaient guère de sa performance et qui bavardaient fort. On peut parler du manque de respect d’une partie du public mais aussi d’un échec du musicien à avoir captivé l’espace par la puissance du son ou de l’attraction des chansons. Ça n’a pas particulièrement décollé, même si le travail d’ANJIMILE est loin d’être inintéressant.

CEDRIC NOEL

2hH45 - Théâtre Rialto

Je suis rapidement arrêté voir la première chanson du guitariste Cedric Noel au Rialto, alors que je me dirigeais vers la Sala Rossa. Entouré d'un batteur et d'un saxophoniste, le sympathique musicien semblait montrer beaucoup de sensibilité dans sa musique. C'est du moins ce que j'ai senti lors de la première et seule chanson que j'ai écoutée.

ps: Noel était aussi le batteur de Pompey, samedi.

KT LAINE

20h57 - Ursa

Un peu plus loin sur le parcours (mon dieu que c'est agréable de marcher dans le Mile-End, d'une salle de concert à l'autre!), j'ai pris le temps d'aller écouter la jeune KT Laine dans la petite salle l'Ursa. Un répertoire à découvrir plus attentivement.

ps: son bassiste était le même que celui de Dresser, la veille!

Tout le monde joue avec tout le monde, à POP Montréal ;)

LAURENCE-ANNE
21h50 - La Sala Rossa

Intriguante artiste, cette Laurence-Anne. Elle a un petit côté pop danse entraînant, mais aussi un petit côté expérimental. Elle a un côté mystérieux, mais aussi un côté plus chorégraphié. Elle est capable de plonger dans sa musique, comme de s’assumer en tant que chanteuse pop. Elle part dans une direction ou dans l'autre, au fil des chansons. Tout cela est super intéressant, mais on dirait - et c’est peut-être juste moi - qu’il y a quelque chose que je ne pige pas dans la musique de Laurence-Anne.

J’essaye d’embarquer dans ses chansons, mais les textes ne me rejoignent pas, pour une raison que je ne peux m’expliquer. Pourtant tout est là. 

OMBIIGIZI
22h55 - La Sotterenea

Excellent mur de son de la part de ce quintet canadien dont on prononce le nom “om-BEE-ga-ZAY” (ce qui veut dire “this is noizy”) et qui est mené par le guitariste (gaucher) Adam Sturgeon (aussi membre de Status/Non-Status) et Daniel Monkman (aussi de Zoon) dont le premier album, paru en 2022, s’est taillé une place sur la prestigieuse longue liste du Prix Polaris cette année-là. Les deux musiciens sont d’origine Anishinaabe, et c’est ce trait commun qui les a motivés à travailler ensemble. Du bon rock solide (Shape Of Me).

PONY GIRL
23h55 - La Sotterenea

Ce collectif d’Ottawa, mené par la claviériste Yolande Laroche et le chanteur-guitariste talentueux Pascal Huot, propose de la pop indie mélodique de qualité. On sent qu’ils sont des musiciens expérimentés et aguerris, à les écouter. La prestigieuse étiquette indie Paper Bag a misé sur la distribution de leur troisième album “Enny One Wil Love You” (sic), dont le titre était affiché en néon sur la scène.

Jour 4 - samedi le 30 septembre

(Ne chechez pas le jour 3 : vendredi je ne suis pas allé à POP Montréal.)

POMPEY

20h30 - La Sala Rossa

Avec douceur, le colosse bienveillant qu’est Pompey nous dévoile ses craintes, ses tourments et ses complexes sur un folk électrique qui fait la part belle à l’émotion.

Pompey est à vif : sa musique m’évoque Arco, Hayden, Elliott Smith. Un chant tout suave, très touchant, exprimé avec finesse, comme un journal intime. Il paraît timoré et fragile, mais je le trouve audacieux et beau de se livrer ainsi.

Ses chansons sont mélancoliques mais splendides : I Only Fit In Your Arms, et plusieurs paroles révèlent ses tracas, comme sur Snug Tug où il chante : I think I’ll like my body if I just give it a chance. Plus loin, il constate qu’il n’est pas à son aise avec les gens : I don’t fit / And I know it / That I don’t fit. Chose certaine, ce jeune homme ne renie pas ses émotions. Il verbalise ses angoisses et se connaît.

Accompagné de Cedric Noel à la batterie et de non pas une mais deux bassistes (pourquoi choisir, alors que les deux demoiselles voulaient jouer avec lui?), Pompey a séduit la Sala Rossa.

ASHLEY SHADOW

21h00 - La Casa del popolo

Ce Pompey m’a fait rater une bonne partie du set d’Ashley Shadow. La voix de chanteuse de Vancouver est d’une intensité et d’une beauté renversantes. Accompagnée par un excellent guitariste (dont je n’ai malheureusement pas le nom) avec lequel sa voix s’accorde à merveille. Pleine de trémolos chez elle, assurée et ferme chez lui. Son jeu de guitare apporte une belle dose de mystère désertique, incitant les voix à se libérer encore plus, un peu comme le faisait Jeff Buckley, durant sa trop brève carrière.
 

Bref, j’aurais aimé en avoir plus, mais c’est de la faute à Pompey.
 

Y a juste trop de bons artistes en même temps à POP Montréal.

 

MARKUS STARLING

21h30 - Casa del Popolo

 

Quel groove! Pas moins de cinq musiciens en compagnie de Monsieur Starling, dont les chansons nous transportent dans un univers qui me fait penser à Randy Newman ou Boz Scaggs. Il se décrit lui-même comme un “middle-aged man”, ce qui lui permet d’écrire des textes qui lui ressemblent. Il s’inspire de personnages des films de John Cassavetes, par exemple, qui ont le même âge que lui. Des chansons bien composées, qui, en plus, font bouger comme le soft funk des années 70! On ne bondit peut-être pas sur les murs, mais on a les hanches qui ne peuvent rester en place.

 

Mention spéciale au batteur Jay Anderson qui “danse le beat” tout en gardant ça simple. Ringo serait fier de lui. 

 

Markus a interprété plusieurs chansons de son dernier opus Diamond Violence dont la chanson titre et End of Summer.

WATER FROM YOUR EYES

L'Escogriffe

L'Esco était extrêmement plein quand je suis arrivé pour écouter ce duo de Brooklyn composé de Rachel Brown et Nate Amos, que j'avais repéré via la playlist de POP. Et je n'étais visiblement pas le seul à l'avoir noté. Une très bonne critique sur Pitchfork n’a certainement pas nuit à leur émergence.

Le mélange de rythmes électroniques et de guitare électrique dissonante a plu aux nombreux fans du festival, dont la grande majorité ont plus écouté que vu cette performance tellement il y avait de monde. L'Esco (et le Ministère, l'Ursa et quelques autres), ont le défaut de ne pas, ou presque pas avoir de scène, ce qui fait que 80% du public ne voient pas les artistes, à moins de mesurer 6 pieds 5 pouces… et de cacher encore plus de monde!

 

Le chant de Brown, empreint de mélancolie mais aussi d'un air dandy, combiné aux guitares acérées d’Amos fait penser à une rencontre improbable entre Belle & Sébastien (le band écossais, pas l'émission pour enfants), l’humour de Ween, l’énergie de M83 avec une touche art-rock à la Pit Er Pat. Ça grince et ça groove en même temps.

 

Le concert était excellent, la musique fascinante et captivante mais à boutte de me faire pousser par des ambitieux qui pensaient pouvoir rejoindre la scène, j'ai opté de déménager vers le Piccolo Rialto. Un peu à regrets car c'était certainement l'un des bands les plus intéressants du festival.

groundsound

Piccolo Rialto

Un party reggae dub afrobeat futuriste m’attend au Piccolo Rialto (au sous-sol du Théâtre du même nom). Ce lieu est propice aux explorations Black: j’y ai assisté au spectacle de la sulfureuse Junglepussy il y a quelques années, celle-là même qui a dû céder sa place hier, à la non-moins explosive BACKXWASH, en raison d’un vol annulé.
 

Cette fois, c’est le duo jamaïcain groundsound qui a enflammé le party en fusionnant dub futuriste et poésie socio-politique. Si la chanteuse Riddim.Writer, Isis Semaj-Hall de son vrai nom (qui est aussi docteure et professeure de poésie à l’université!) occupe la scène avec élégance et audace, c’est vraiment le DJ et beatmaker Gavsborg la véritable étoile! Il fait tourner sans relâche un reggae dub riche de références (salut Lee ‘Scratch’ Perry et sa chemise hawaïenne) et de grooves extrêmement entraînants! Vraiiiment cool!
 

C’était vraiment impossible de rester immobile sur cette musique. Je n’ai pas eu de difficulté à me laisser emporter.

 

LILA IKÉ

Piccolo Rialto

 

Prestation explosive de cette pépite musicale qu’est la chanteuse rappeuse jamaïcaine Lila Iké! Dès son entrée, elle a littéralement embrasé la scène avec une énergie hors du commun et ultra contagieuse!

Même s’il était 1 heure du matin, la foule a trouvé en un instant son second souffle: tout le monde dansait! Comment résister à la vitalité et à l’entrain de cette brillante artiste?

 

Les chansons les plus connues de sa jeune carrière se succédaient, entrecoupées de discours de motivation et de positivisme. Elle a même pris le temps de calmer un spectateur qui semblait trop agressif, pour le ramener sur de “only good vibes”.

Lila Iké a déjà un solide fanbase à Montréal, alors qu’elle y faisait une première visite à vie. Plusieurs chantaient avec elle ses raps.

 

Quelle voix! On l’entend sur sa chanson Solitude (voir ma playlist) et c’est aussi puissant et beau en personne. Pas de triche avec Lila Iké: she’s the real thing! J’avais l’impression de voir une jeune Rihanna tellement le talent lui sort par les oreilles! Je pense qu’on n’a pas fini d’entendre cette musicienne jamaïcaine!

jour 5 : dimanche 1er octobre

 

BEYRIES

20h - Théâtre Rialto

Une artiste dotée d’un remarquable talent d’écriture, qui maîtrise un jeu de guitare acoustique solide et épuré et qui possède une voix magnifique, cela crée des moments magiques.


Seule avec sa voix et sa six cordes Epiphone, Beyries a foulé la belle grande scène du Rialto un peu nerveuse. Elle l’a avoué elle-même, ses genoux tremblaient. Mais cela ne s’est pas ressenti dans sa prestation. Ses doigts comme ses cordes vocales ont été sublimes.


Beyries a aussi apporté son cœur brisé sur scène. Elle nous en a parlé, en blaguant un peu, mais avec une pointe de vérité (ou alors elle est bonne comédienne). Elle n’a pas sombré dans le mélodrame, loin de là. Elle a simplement vécu l’instant, pris son temps, laissé les silences s’exprimer.


Cette femme a un bel humour autodérisoire, qu’elle utilise pour détendre l’atmosphère entre deux chansons. Elle nous a fait bien rire en parlant de “Billy Prince Bonnie”, puis de “Monsieur Prince” dont elle assurait la première partie, avant d’élever le niveau en conviant Tire le Coyote à venir interpréter la belle Je pars à l’autre bout du monde, avec lui.

Un très beau, mais trop court moment avec une belle artiste.

 

BONNIE 'PRINCE' BILLY

21h - Théâtre Rialto

La 22e édition de POP Montréal se termine en ce dimanche soir avec "la légende" (comme Beyries et Tire l'ont nommé quelques minutes plus tôt) Bonnie 'Prince' Billy. Un moment fort attendu par ses fans, enthousiastes, au Rialto.

 

La légende est arrivée comme un poil sur la soupe. Avec son étui à guitare, comme s'il venait de débarquer de son taxi, une casquette blanche vissée sur la tête, contrastant avec sa chemise bleue. Je suis un peu surpris, je ne l'imaginais pas ainsi.

 

Il s'est élancé directement dans son vaste répertoire, digne des grands folk singers américains, en représentant la plupart de ses albums. Son plus récent opus, “Keeping Secrets Will Destroy You, fut représenté par 5 titres. Il a chanté, dans l’ordre:

 

  • New Partner (de 2018)

  • Strange Tastes Like Trouble

  • Like It or Not (l’une des très bonnes de la cuvée 2023)

  • Queens of Sorrow (2023)

  • You Remind me of Something (2008)

  • Love Comes To Me (qui ouvre “The Letting Go” de 2006)

  • Black Captain (de 2011)

  • Blood of the Wine (2023)

  • Willow, Pine and Oak (2023)

  • Crazy Blue Bells (Ding Dong) (2023)

  • For a while can this life make sense… (?)

  • You Know The One (de 2019, qu'il a dédiée à Myriam aka Beyries et Benoît aka Tire)

  • I See a Darkness (de son tout premier album sous le nom BPB, de 1999)

  • The Brute Choir (qui remonte à 1995 avec le groupe Palace)

  • This is Far From Over (une autre très belle, de 2019)

 

Rappel
 

  • At Break of Day (de 2001)

 

Puis des demandes spéciales!
 

  • May It Always Be (de 2001)

  • Gulf Shores (de 2004)

  • Shorty’s Ark (de 2021)

 

Et en second rappel

 

  • Queen of Danemark, une passionnante livraison d'une chanson "prise sur un disque de Sinéad O'Connor"

  • Horses, un classique de 1997


Cet homme a une étonnante capacité de concentration. Il ne perd jamais le fil de ses chansons, pourtant touffues en mots. Chaque mot et chaque arpège est livré avec l'assurance du musicien qui a joué ses chansons des milliers de fois.

 

Au début du concert, il a chanté quelque chose comme “Nobody listens to me when I don't come to you in songs. This way I can touch your heart, I can touch you in a way I can’t otherwise.” J’ai trouvé ça à la fois triste, car il ne semble pas exister en dehors de la musique, mais aussi très beau, car il arrive ainsi à toucher les gens d’une façon qu’il ne pourrait pas autrement.

 

Après sa lancée initiale de 6 ou 7 chansons pendant une demi-heure, il salue enfin son public, sincèrement, avouant être honoré (grateful) d'être parmi nous. Comme l'un de ses musiciens préférés, Don Williams, il n'a pas grand chose à dire sur scène.

 

Ne connaissant pas beaucoup le répertoire de Bonnie Prince Billy (on ne peut pas connaître toutes les légendes…), j'imaginais un chanteur sensible comme Bon Iver, qui allait marmonner ses textes obscurs, mais c'est plutôt un folksinger dans la lignée plus traditionnelle des Woody Guthrie, Bob Dylan, Phil Oaks que j’ai rencontré ce soir.

 

Il a terminé son tour de chant avec un bel hymne plein d'espoir…

 

Though half of life is gone for good
And we haven't acted as we should
You feel it in your heart of wood
That this is far from over

 

MERCI POP, pour cette autre superbe édition!
A l'an prochain

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