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Francos de Montréal 2023

La ville fête son rock en français

par Nicolas Pelletier, 15 juin 2023

Je ne sais pas si c’est un signe des temps ou si c’est un retour du balancier, mais il se trouve que j’ai entendu du bon rock en français cette année aux Francos de Montréal. Oh, il y en a toujours eu, je sais, mais j’ai l’impression que ça a culminé lors de cette édition. On sait que la langue de Molière se prête plus naturellement aux chansonniers et aux poètes qu’aux rockeurs, et leur mérite est encore plus grand lorsque leur français sonne fort et assumé.

LOU-ADRIANE CASSIDY

 

La première artiste qui m’a marquée à ce niveau est Lou-Adriane Cassidy! Hormis l’écoute de ses deux albums, je ne l’avais vue sur scène qu’en tant que musicienne dans le band d’Hubert Lenoir dans ses premières tournées des années ‘Darlène’. L’ami Parazelli m’avait averti avant le concert “Tu vas pogner de quoi avec Lou-Adriane!”, et il n’avait pas tort! Cette fille a une énergie incroyablement contagieuse, un entrain irrésistible et, ma foi, bien des chansons qui sont en train de devenir des hymnes. Ses fans chantent à tue-tête avec elle. Elle danse sans retenue sur sa musique, assumant complètement son trip, et nous emmenant sans problème avec elle. 

Pour en revenir à son rock francophone, je trouve justement qu’elle l’a parfaitement, la Cassidy! C’est un langage parlé, mais pourtant poétique, sans jamais être ampoulé ou malaisant. Encore plus à l’aise sur scène que sur disque, on ne doute pas de sa sincérité lorsqu’elle hurle “Entre mes jambes, je sens rien” à répétition, propulsée par son solide band rock. “Réponds” et “J’espère encore que quelque part l’attente s’arrête” étaient cent fois plus punchés live que sur disque. La foule ne se gêne pas pour chanter les la la la avec elle, car c’est presque frondeur dans l’approche.

 

Elle sait également faire fondre la foule dans les moments plus intimes, comme sur  la magnifique"Le corps en mouvement" (écrite par Stéphane Lafleur), et "Ça va ça va", qu’elle a interprétés presque a cappella. Aussi touchante qu’une Salomé Leclerc, aussi captivante qu’une Jimmy Hunt, et (presque) aussi énergique qu’Hubert.

Lou-Adriane Cassidy était bien entourée. Des artistes solo menant leur propre carrière dont Thierry Larose aux guitares, Anatole à la basse (aussi co-auteur et co-réalisateur de ses albums) et Vincent Gagnon, l’excellent pianiste jazz rencontré aussi chez Hubert. Une artiste qui a du talent, du guts, de l’audace et une belle carrière devant elle!

BON ENFANT

Un autre bon band d’ici, qui, mine de rien, fait tranquillement sa place. J’ai été agréablement surpris de voir qu’ils ont attiré une bonne foule à leur concert (extérieur) samedi soir et que plusieurs chantaient par coeur plusieurs de leurs chansons. Bon Enfant semble encore un peu timides sur scène : ils s’occupent de bien livrer leurs excellentes chansons, mais il leur manque encore un petit quelque chose pour qu’on soit vraiment happés par leur performance en concert. Ca viendra, il y a du talent en masse dans ce band.

HIPPIE HOURRAH

Ce band propose un voyage dans les années psychédéliques avec une attitude pince-sans-rire. Personne ne bronche en constatant que le chanteur Cédric Marinelli (du band Les Marinellis) joue avec des gants dorés… ni quand il arrive en sous-vêtements argentés, sous une cape noire. Miles Dupire-Gagnon et Gabriel Lambert (deux gars d’Éléphant Stone) poursuivent leur groove rétro roulant des épaules, eux aussi, vêtus aux couleurs des années 60.

 

Vous pourrez les attraper à La Noce puis au Festif! en juillet.

ARTHUR H

Dans un tout autre registre, le poète de l’amour, le chantre de la vie, l’éponge à émotions qu’est Arthur H est venu présenter son nouvel album “La vie” en interprétant presqu’exclusivement ses nouvelles chansons. Une belle façon de reprendre le fil de sa création. J’avais un peu manqué son précédent album “Mort prématurée d’un chanteur dans la force de l’âge”, paru en pleine pandémie. De cet opus, il a chanté “Nancy” et “La chanson la plus triste du monde” avec laquelle il a clôt la soirée, après deux bonnes heures de musique livrée avec intensité.

Pour en revenir à “La vie”, c’est un recueil de chansons plus introspectives, qui fait voir la lumière qui jaillit des moments les plus sombres de nos existences. Higelin junior est devenu tout un chanteur. Lorsqu’il prend sa voix de tête, il devient tellement touchant, tellement vulnérable. Puis il reprend cette craquante voix grave, abîmée, sensuelle, douce, qui se remplit de sagesse avec l’âge (il n’a que 57 ans, c’est un jeune sage). Des morceaux comme “La route” vont venir s’ajouter comme de nouvelles pierres à son déjà imposant édifice de chansons qui ont cette qualité de devenir meilleures au fil des écoutes.

Il était (lui aussi) entouré par d’excellents musiciens : Nicolas Repac aux guitares et ukulele (oui, il en a trouvé un), Pierre Lebourgeois au violoncelle et Raphaël Séguinier aux percussions. Arthur les a magnifiquement mis en lumière lors d’un passage instrumental où leurs ombres magnifiaient leur impressionnant jeu, sur le fond de la scène du Studio TD (jadis appelé L’Astral). Planté à quelques mètres de l’artiste, j’ai pu apprécier ses mains danser mollement sur son piano, et chacune des notes émises par son unique voix.

Magnifique. Merci.

 

Merci la vie.

Prochain arrêt : le Festival International de Jazz de Montréal, du 29 juin au 8 juillet.

À bientôt!

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